La veille de la saint Jean, à minuit, une lamiña se peignait avec un peigne d'or et puis se lavait à la fontaine Juliane. Feu Barrenty, qui passait par là, l'aperçut. La lamiña lui dit:
-" Si vous voulez me transporter jusqu'aux terres pour lesquelles vous payez la dîme, vous serez assez riche pour avoir un aiguillon d'or".
La lamiña était toute petite. Barrenty la mit à califourchon sue ses épaules et gravit le vieux chemin qui mène à son champ. La lamiña en ce moment lui recommanda de ne se point laisser effrayer par rien de ce qu'il verrait. Bientôt il arriva avec sa charge à l'échelon* du champ. Mais pendant qu'il le montait, il voit des serpents, des crapauds et mille autres bêtes hideuses qui faisaient mine de mordre. Il eut peur et s'enfuit en laissant tomber la lamiña.
-" Ah ! malheureux ! dit-elle, vous m'avez remise dans l'enchantement pour cent années".
Depuis ce temps Barrenty ne réussit rien. Son bien fut morcelé. Tout fut perdu, jusqu'à la trace de sa maison, et ses terres passèrent à ses voisins. A la fin de plusieurs périodes centenaires, à partir de ce jour, la lamiña a été guettée par Bassagaix et par d'autres savants plus anciens, mais elle n'a pas reparu.
* les champs, dans le pays basque, sont quelquefois protégés par des murs de soutènement en pierres sèches. On ménage dans le mur trois ou quatre pierres en saillies formant escalier. C'est une entrée praticable pour des bipèdes et qui ne l'est pas pour des animaux.
tiré de "légendes & récits populaires du pays basque"
de Jean François CERQUAND Editions Aubéron
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