Abarka

Le maître maréchal ferrand

Un forgeron avait fait peindre cette enseigne au dessus de sa porte:

Jésus passant un jour par là, vit l'enseigne et entra dans la forge.
-" Maître, dit Jésus, je suis un humble maréchal ferrant, désireux de profiter de votre science. Permettez-moi donc de ferrer un des chevaux qui attendent leur tour à la porte".
-" Essayez vos talents sur celui-ci, qui n'est pas commode", dit le forgeron.
Jésus alla au cheval vicieux, lui coupa un des pieds, mit le pied à l'étau et le ferra tranquillement. Quant il eut fini, il desserra le pied et le recolla à sa place. Et il fit de même pour chaque pied sans que le cheval fit de résistance. Ayant ainsi opéré, il sortit de la forge. Le maréchal, ébahi, n'avait pas prononcé une parole. Mais Jésus était à peine dans la rue que le maréchal se mit en devoir de profiter de la leçon. Il va au premier cheval déferré, lui coupe le pied, le ferre à l'étau, puis essaie de le recoller à la jambe. Il n'en put venir à bout, le pied ne voulait pas tenir et le cheval perdait tout son sang.
-" Maître ! maître ! cria le maréchal, j'ai eu tort, venez à mon aide".
Jésus revint sur ses pas, rajusta le pied à la jambe saignante et dit au maréchal:
-"Vous ferez bien d'enlever l'enseigne qui est à votre porte".

tiré de "légendes & récits populaires du pays basque"
de Jean François CERQUAND Editions Aubéron

     Précédente