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Les génies dans la mythologie basque

La mythologie basque se dinstingue des mythologies indo-européennes en ce sens qu'ils ne croient que ce qu'ils voient et pas du tout en des êtres "surnaturels" qui vivraient dans les cieux, comme des dieux classiques. Pour eux, la terre est la deesse mère (Amalur) qui a deux filles: la lune et le soleil. Mari vit sous terre et est la deesse de tous les basques. Lorsqu'elle s'accouple avec Sugaar (connu aussi sous le nom de Sugoi, prononcer shouguoï) par exemple, elle provoque des tremblements de terre. Les basques pensent qu'elle a eu un orgasme un peu violent et que c'est cela qui provoque ces tempêtes, tremblements de terre etc. Ce n'est surtout pas une punition d'un ou des dieux quelconques comme on se l'explique dans d'autres croyances. Ils existe énormément de génies, chacun spécialisés dans une action, bonne ou mauvaise. En voici quelques uns ci-dessous.

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Jarleku (emplacement tombal d'une famille dans l'église). Prononciation: Iarlékou.
Le Jarleku est le mot basque désignant la tombe de sa maison dans l'église. Dans certains endroits du Pays Basque, chaque maison a eu, des siècles durant, sa tombe dans l'église même. La sépulture était recouverte d'une pierre incluse dans le pavage. Elle signifiait la parcelle de l'église correspondant à une maison, et c'est encore le cas dans bien des endroits. Plusieurs actes relatifs au culte domestique étaient exécutés à cet endroit. On y excerçait entre autre celui d'offrir des lumières avec des cierges de cire, offrir des denrées comestibles ainsi que de l'argent pour le repos des défunts de la maison. Ici, comme au foyer, on invoque les âmes des disparus pour qu'ils assistent les vivants dans leurs nécessités quotidiennes. Le Jarleku nous apparaît donc comme un cas d'adaptation d'une ancienne coutume indigène aux exigences de la liturgie chrétienne et vice-versa.

Le Jarleku est une partie inséparable de l'etxe (maison). C'est pour cela qu'on mentionnait l'appartenance à la maison sur les inscriptions des pierres tombales comme sur celles du jarleku.


Jaunagorri, ( littéralement le seigneur rouge de jaun (rouge) et gorri (rouge). Prononciation: Iaouna gorri
C'est une des créatures de la mythologie basque. On situe sa demeure habituelle au sommet du pic d'Anie (2504 m), en basque Ahuñamendi, dans les Pyrénées, aujourd'hui limitrophe entre Béarn et Pays basque, où il possèderait un jardin merveilleux produisant des fruits qui donneraient l'immortalité. Mais les audacieux qui tentent l'ascension de la montagne sont repoussés par de terribles orages, ou des tempêtes de grêle déclenchés par le Seigneur rouge. Selon José Miguel de Barandiarán, certains habitants de Lescun voyaient dans Jaunagorri une représentation de Mari, toujours en relation avec les orages que ce personnage pouvait provoquer.
Peu avant la Révolution, le savant Jean-Charles de Borda fut empêché par les habitants de Lescun, pour cette raison, de tenter l'ascension du pic d'Anie.
Dans certains contes, c'est un personnage de châtelain très riche quelque peu apparenté au diable, qui voit ses tentatives contrecarrées par Saint-Pierre.
Jaun Zuria ("Le seigneur blanc") est le mythique premier Seigneur de Biscaye. Selon la légende, il serait né d'une princesse écossaise visitée par le dieu/esprit Sugaar, au village de Mundaka.


Jaunkoaren begi: (oeil du Seigneur). Prononciation: Iankoarene bégui
Eguzki (soleil) était considéré comme la fille de la terre dans la mythologie basque. Dans certains endroits de la montagne navarraise on le salue en l'appelant grand-mère.

Dans d'autres endroits (région de Gernika en Gipuzkoa), on le considère comme une personne sacrée et on lui donne les qualificatifs de bénite et de sainte.

Outre ses propriétés naturelles, le soleil a le pouvoir de chasser les esprits malins qui, de nuit, exercent leur emprise sur le monde. Les sorciers et sorcières (sorgin en basque) sont immobilisés s'ils sont surpris par le soleil avant qu'ils aient pu terminer leurs actes. Il y a des sortes de génies qui perdent leurs pouvoir et force sur les hommes quand ils sont frappés par un rayon de soleil.


Jentilak (au pluriel basque). Prononciation: Ientilak
Parfois traduit en français par les Gentils (chez les Hébreux anciens ce terme désignait les non-juifs, les païens, et par extension dans l'antiquité romaine les barbares, les étrangers) sont des personnages de la mythologie basque qui, pense-t-on, représentaient le peuple basque pré-chrétien. Comme les géants de la mythologie grecque, ils disposent d'une force surhumaine et ont la mauvaise habitude de lancer de gros rochers sur leurs ennemis.

Une légende raconte leur extinction. Ils virent un jour une étrange lueur dans le ciel. Ils ne connaissaient pas cette lumière et allèrent chercher le plus ancien et le plus sage d'entre eux. Lorsque les yeux fatigués de celui-ci analysèrent le phénomène, il leur dit : cette lumière annonce l'arrivée de Kixmi (Christ), c'est la fin de la race basque. Tous les jentilak se mirent à courir vers un gouffre pour se cacher au fond de la terre.
La présence de légendes identiques sur le fond, dans les Pyrénées centrales, est un des témoignages de l'extension ancienne de la culture basque.
Une autre version raconte que l'un d'eux se "sauva" en se convertissant au christianisme. Il est devenu Olentzero qui, comme le Père Noël, distribue des cadeaux aux enfants pour Noël.


Jentilarri (pierre des Jentils). Prononciation: Ientilarri
Selon certaines légendes, des blocs rocheux se trouvent aux emplacements actuels après avoir été jetés de très loin par les Jentil. Par exemple, les blocs du ravin d'Urdiola (Arramendiaga) furent jetés ici par les Jentil qui jouaient aux boules entre la montagne éponyme et le château d'Aracaldo. Lancè par un Jentil, le rocher de Markola (Zenarrura) recouvrit un homme et sa paire de boeufs.


Jentileio (fenêtre des Jentils). Prononciation: Ientiléïo
C'est un trou percé dans la hauteur du massif de Layenne (Urdain), une zone riche en légendes et mythes.

Ce trou ou "fenêtre", mesure pratiquement deux mètres de haut et un metre et demi de large. Il s'agit en fait d'un tunnel artificiel de près de cinq mètres de long traversant ce pic du sud au nord et qui débouche dans une enceinte de plan quadrangulaire appellée Jentilen sukalde (cuisine des Jentil). C'est une sorte de citerne qui mesure quatre mètres de long, deux mètres et demi de large pour deux mètres de profondeur, taillée artificiellement dans la roche. Il semble que ce piton soit une ancienne forteresse semblable à Jentilbaratza d'Ataun.


Jentiletxe (maison des Jentils). Prononciation: Ientilétché
On désigne sous ce nom les dolmens situés dans la montagne d'Ataun-Burunda et d'Altzaina. A Mutriku (Biscaye) existe une grotte du même nom. Les dolmens sont très nombreux en Pays Basque.


Jentil zubi (pont des Jentils). Prononciation: Ientilssoubi
C'est un arc naturel que l'érosion a modelé dans la roche calcaire constituant le ravin de Kobalde à Dima (Biscaye). Il n'est pas rare d'entendre dire que les Jentil vécurent dans les cavernes voisines et qu'en passant par le pont Jentilzubi ils se rendaient au mont Urrusti. A quelques mètres au sud du pont, sur le flanc de la montagne, s'ouvre l'abri d'Axlor. Il contient un gisement préhistorique de l'époque moustérienne.


Jentilzulo (trou des Jentils). Prononciation: Ientilssoulo
Le terme Jentil ziloka serait plus approprié dans ce cas présent. Il y a deux gottes qui portent ce nom à Leitza (Navarre), proche du pont d'Ozparrun. Les Jentils entretenaient de bonnes relations avec les gens de la maison voisine, qui s'appelle également Oz-parrun, tirant peut-être son nom du pont. Une fois les Jentils voulurent emprunter aux gens de la maison un soufflet et ces derniers, à leur tour, demandèrent et emportèrent chez eux un racloir d'or que les Jentils avaient en leur possession. Prenant prétexte que les gens de la grotte avaient commis quelque irrégularité, les gens d'Ozparrun ne voulurent plus leur prêter leur soufflet. Les Jentils lancèrent alors contre eux cette malédiction:

"Quelque soit la maîtresse d'Ozparrun, jamais elle n'aura une bonne santé".

A Orozko, il y aune autre grotte nommée Jentilzulo, près du quartie d'Anguru. Des Lamiñak y vivaient, des êtres à seul oeil sur le front alors qu'ailleurs ils avaient un aspect humain.


Source: José Miguel Barandiarán, Dictionnaire Illustré de Mythologie Basque
traduit et annoté par Michel Duvert, Donostia, éditions Elkar, 1994. ISBN: 2-913156-36-3

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