La mythologie basque se dinstingue des mythologies indo-européennes en ce sens qu'ils ne croient que ce qu'ils voient et pas du tout en des êtres "surnaturels" qui vivraient dans les cieux, comme des dieux classiques. Pour eux, la terre est la deesse mère (Amalur) qui a deux filles: la lune et le soleil. Mari vit sous terre et est la deesse de tous les basques. Lorsqu'elle s'accouple avec Sugaar (connu aussi sous le nom de Sugoi, prononcer shouguoï) par exemple, elle provoque des tremblements de terre. Les basques pensent qu'elle a eu un orgasme un peu violent et que c'est cela qui provoque ces tempêtes, tremblements de terre etc. Ce n'est surtout pas une punition d'un ou des dieux quelconques comme on se l'explique dans d'autres croyances. Ils existe énormément de génies, chacun spécialisés dans une action, bonne ou mauvaise. En voici quelques uns ci-dessous.
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Maidalena (Madeleine). Prononciation: maïdaléna
C'est le nom d'un ermitage situé sur les hauteurs d'une colline éponyme dans le village de Tardets/Atharratze (Soule/Xiberoa/Zuberoa). Il est dédié à Sainte Madeleine. Avant cette chapelle chrétienne il y a eu une construction dédiée à la divinité Herauscorritsehe.
On conserve dans la chapelle une pierre qui possède cette inscription :
FANO
HERAVS
CORR+SE
HE.SCRV
G.VAL.VALE
RIANVS
Actuellement on y célèbre des romerias le jour dit Igandexuri (dimanche blanc) ou dimanche de la passion, ainsi que le jour de la Sainte Madeleine (22 juillet). Les pèlerins apportent des offrandes et des ex-votos. Ceux qui ont chez eux un enfant malade, apportent deux de ses chemises: une est laissée, l'autre est ramenée après avoir été frottée contre la statue de la sainte et on la met à l'enfant. Beaucoup de pèlerins effleurent avec un mouchoir le visage de la sainte puis immédiatement le leur afin d'être guéris de maux de tête. Ils laissent dans la chapelle un cheveu ou un peigne ou tout autre objet ayant un rapport avec leur coiffure.
Maide (génie nocturne). Prononciation: maïdé
C'est un génie nocturne qui descend par la cheminée dans les cuisines afin d'y recevoir les offrandes que l'on dépose avant d'aller se coucher. A Mendive on l'appelle Saindi Maindi (Sainte Maide).
En Soule on attribue à ce génie la construction des cromlechs et à Mendive celle des dolmens de la région. On entend dire plus souvent que ces constructions sont le fait des compagnes des Maide, c'est à dire les Lamiñak. A Oiartzun (Gipuzkoa/Guipuzcoa) on appelle Intxixu les contructeurs de cromlechs de cette région dont on dit que ce sont leurs cimetières. Le cromlech est appelé ici Mairubaratz (cimetière de Mairu), mais littéralement: jardin de Mairu.
Mairi (être surnaturel en Basse-Navarre). Prononciation: maïri
D'après la croyance populaire, il est doté de forces colossales. Pour certains c'est une sorte d'humain ayant vécu dans notre pays il y a très longtemps. C'est à peine s'il est connu sous ce nom, hors de cette région.
Les Mairi transportaient, à mains nues, d'énormes blocs rocheux de la montagne de l'Arradoi au lieu de construction des châteaux, des dolmens etc. Les grandes dalles de pierre comme celle qui recouvre Mairietxe (maison de Mairi) ou le dolmen de Gaxteenia à Mendive (Basse-Navarre/Bere-Nafarroa), d'Armiaga à Behorlegi (Basse-Navarre/Bere-Nafarroa) furent transportées par une Mairi. La grande dalle de Mendive située sur une butte de Gaxteenia, a du être transportée ici depuis le mont Armiaga ou l'Urtxuri: ce sont les endroits les plus proches où l'on peut extraire ce type de roche rouge. On dit que la Mairi l'avait portée sur sa tête alors qu'elle filait de ses deux mains.
Les thèmes entrant dans cette légende sont répandus dans une grande partie du Pays Basque, certains même au-delà. C'est ainsi que l'une des Amilamia qui vivait à Lezao, une grotte d'Entzia, porta sur sa tête les grandes pierres du dolmen d'Arrizala, proche d'Agurain (Araba/Alava), tout en filant avec son fuseau et sa quenouille.
Les Mairi figuraient aussi dans quelques récits souletins. On disait que ceux-ci se réunissaient avec les Lamiñak ou Lamiak pour s'amuser, un jour par semaine dans la campagne de Mendi. Ceci laisse penser que les Mairi étaient de sexe mâle.
Mairubaratza (jardin de Mairu, de Mairu (génie, Lamiñ) et baratza (le jardin). Prononciation: maïroubarats
Dans la langage actuel, baratz signifie jardin mais autrefois il a du désigner cimetière. On appelle ainsi ortu santu (jardin saint), (campo santo), bien que ce dernier ressemble à l'orthographe espagnole plus qu'au basque. Il s'agit en fait d'une forme "latinisée". C'est ainsi qu'à Ataun on l'appelle Jentilbaratza (le jardin des Jentil) l'endroit où l'on pense que sont enterrés les Jentil. A Oiartzun (Guipuzcoa/Gipuzkoa), on désigne par Mairubaratza un cromlech. On dit aussi que ce sont sous de tels monuments que sont enterrés les Intxitxu (Lamiña masculin). Les Mairubaratzak (pluriel de Mairubaratza) sont donc des espèces de cromlechs ou arrespil (cercles de pierres), monuments de l'âge du fer, que l'on trouve en grand nombre dans le Pays Basque et qui reçoivent diverses appelations.
Maju (génie souterrain). Prononciation: maïou
Ce génie souterrain qui, sortant de son antre, va s'unir à sa femme Mari (déesse). C'est alors que se forge une tempête déchargeant sur terre grêle et grelons. Dans d'autres endroits on le nomme Sugaar, voire Sugoi. Dans tous les cas, il est l'époux de la déesse Mari.
Mamur (insecte). Prononciation: mamour
Les mamur sont de petits génies que l'on peut capturer, la nuit qui précède la Saint Jean, en posant un étui à épingles, ouvert, sur un buisson. Dans un légende de Zarautz (Guipuzcoa/Gipuzkoa) on assure qu'autrefois les mamur s'achetaient dans une boutique de Bayonne/Baiona (Labourd/Lapurdi) moyennant une once d'or.
Ces génies sont comme des insectes, d'après ce que l'on croit dans de nombreux villages : on dirait des hommes minuscules, disent certains, ils ont des culottes rouges. Il en rentre quatre dans un étui. Quand on les libère, ils en sortent et commencent à tourner autour de la tête de leur propriétaires lui demandant sans cesse:
"Que veux-tu que nous fassions ?". Ils réalisent alors très vite les travaux demandés, aussi invraisemblables soient-ils.
- Voir la légende sur l'un d'eux: Les mouches de Mendiondo.
Lorsqu'on évoque certaines personnes qui réalisent des prodiges ou des oeuvres extraordinaires, tels les devins, les sorciers ou certains guérisseurs, on dit qu'ils possèdent mamurrak (pluriel de: les mamur). Les gens les ont généralement dans des étuis, mais à Añès on croit qu'on les a dans la manche d'une faucille. S'il se casse, les génies disparraîssent.
Mairu (Mairuak au pluriel basque), Intxisu(ak). Prononciation: maïrou
Ils étaient, selon la mythologie du Pays Basque, des géants construisant des dolmens. Ils sont souvent associés aux lamiñak (ou lamiak).
Maru (génie vivant dans les cavernes). Prononciation: marou
A Ataun, on designe par ce nom quelques personnages légendaires vivant dans les cavernes du mont appelé Maumendi (montagne de Maru). Dans la vallée on tremblait devant eux car ils séquestraient parfois les gens du coin se risquant près de cette montagne pour y chercher leurs troupeaux ou pour tout autre motif. On disait aussi que les Maru volaient les troupeaux dans les montagnes. Il existe à Ataun deux grottes appelées Mauzulo (trou de Maru).
Maruelexea (église de Maru). Prononciation: marouéléchéa
C'est le sommet du mont Arrola, près de Nabarniz (Biscaye/Bizkaia). On y voit des ruines d'une ancienne enceinte fortifiée. D'après Blas Taracena Aguirre et A. Fernandez de Avilés qui l'explorèrent, c'est une construction antérieure aux romains et aux celtes. Elle est peut-être des IVè et IIIè siècle avant le Christ.
Dans les villages environnants on entends dire couramment que lorsque le soleil se montre le jour de la Saint Jean (24 juin), il apparait un chaudron mystérieux à Mauelexea. A cet endroit la fougère ne pousse pas, un trésor y est enterré.
Martintxiki (Martin le petit) ou San Martintxiki (Saint Martin le petit) ou San Martiniko. Prononciation: martinetchiki
Il est considéré comme le héros "civilisateur" du peuple basque. Ce nom est une transformation de Saint Martin, un Saint tourangeau qui figure dans un thème légendaire. Parmi les humains, il fut le premier laboureur à cultiver la semence de blé, de maïs et de navet. Il vola également les secrets de fabrication de l'axe de roue du moulin, de la scie, de souder le fer avec un fondant.
A Ataun (Guipuzcoa/Gipuzkoa), on dit que Martintxiki alla au mont Muskia afin de rendre visite aux Basajaun, des êtres surnaturels qui récoltaient sur ces hauteurs de grandes quantités de blé. Discutant avec eux, il tomba délibérément dans un tas de blé qui se trouvait là et rempli ses chaussures de grains. C'est ainsi que lorsqu'il revint au village il amena avec lui la précieuse semence. S'apercevant de cela, un des Basajaun lança sa hache mais sans résultat. Peu de temps après, notre héros entendit chanter les basajaun:
" Or irtete, arto ereitte; or erorte, gari ereitte; Sanlorentzota arbi ereitte".
"A l'apparition de la feuille semer le maÏs; à la chute de la feuille semer le blé; pour la Saint Laurent semer le navet".
Mateo txistu. Prononciation: martéo tchistou
On connait la légende du chasseur à cause de sa passion immodérée. Il a été puni et court sans trève à travers le monde, accompagné de ses chiens, sans connaître le repos. Ce type de récit fait partie d'un vaste cycle de chasses aériennes et nocturnes des récits mythologiques.
- A Ataun on l'appelle Mateo txistu.
- A Zerain c'est Juanito txistularia (petit Jean joueur de flute)
- A Gelazibar, Martin abade (Martin l'abbé)
- A Dohozsti Errege Xalomon (roi Salomon)
- A Oiartzun Salomon apaiza (Salomon curé)
- A Usurbil Prixki Juan.
Souvent, ce chasseur est un curé qui, laissant sa messe a moitié célébrée, s'en alla avec ses chiens poursuivre un lièvre. Il n'est pas revenu et ne reviendra jamais de son excursion. Personne ne l'a encore vu mais nombreux sont ceux qui assurent avoir entendu dans nos bois et nos montagnes, son sifflement accompagné du hurlement triste et monotone de ses chiens.
Mikelats (un des deux fils de Mari). Prononciation: mikélats
C'est un être maléfique. Avec son frère Atarrabi (également appelé Axular), qui est son contraire, symbole du bien moral, ils firent des études à l'école du diable. A la fin des études, ce dernier, en guise de paiement, tirait au sort parmi ses élèves pour en garder un à son service.
Mikelats voulait détruire les champs de blé de Sare (Sara en basque) dont son frère était devenu le curé. Pour contrer son projet de destruction, Atarrabi lui opposa la prière. C'est ainsi qu'il sauva les récoltes des siens.
Avec Mari, Mikelats met en forme les orages et conduit les averses de grêle qui affectent les troupeaux et détruisent les récoltes.
Mirokutana (génie nocturne). Prononciation: mirokoutana
Ce génie de la mythologie basque a l'aspect du chien, d'après des récits d'Oiartzun (Navarre).
Mozorro (insecte, masque, personne déguisée, épouvantail). Prononciation: mossorro
C'est ainsi que l'on désigne des génies familiers dans la région d'Albistur. Voici ce que disaient les gens du village:
Santagueda fut, de son temps, le meilleur aizkolari (bûcheron) des environs. Natif de Santagueda (sa maison) à Beizama (Guipuscoa/Gipuzkoa). Non seulement il était très fort dans le débitage des troncs, mais il l'était également dans toute espèce de jeu et toujours, ou presque, il sortait vainqueur. C'est pour cela que beaucoup disaient que Santagueda avait les mozorroak (pluriel de mozorro) avec lui. Ils étaient d'efficaces compagnons. Voir Mamur.
Mugaarri (borne, pierre délimitante). Prononciation: mougaarri
On trouve généralement de grandes pierres en partie enterrées. Elles signalent les limites d'un terrain, d'une propriété privée ou communale. Lorsqu'on pose une borne pour indiquer les limites entre deux propriétés, la tradition veut qu'elle recouvre des fragments de tuile et de charbon, et qu'on la place en présence des parties interressées, plus deux hommes servant de témoins.
Autrefois, pour marquer un sel (ancienne unité de surface) ou zone de pacage (terrain octroyé par la communauté au profit d'un particulier) on signalait cet espace à l'aide d'une borne centrale appelée austarria (pierre de cendre). Près d'elle se trouvait la cabane du berger. C'est ce type de cabane que l'on trouve sur un dolmen situé sur ce col.
A propos de la matérialisation des limites entre propriétés communales, on raconte plusieurs légendes.
Ainsi, pour marquer l'endroit où se trouve la borne qui signifie les confins des terres du Goizueta (Navarre/Navarra/Nafaroa) et de Leitza (Navarre/Navarra/Nafarroa), les deux communautés décidèrent qu'à la même heure deux jeunes filles partiraient du centre de leurs villages respectifs en direction de l'autre et que l'on placerait une borne à l'endroit où elles se croiseraient. Celle de Leitza courut sans repos mais celle de Goizueta fut plutôt préoccupée d'arranger sa chevelure. C'est pour cela que le lieu de rencontre fut bien plus proche de Goizueta que de Leitza.
Source: José Miguel Barandiarán, Dictionnaire Illustré de Mythologie Basque
traduit et annoté par Michel Duvert, Donostia, éditions Elkar, 1994. ISBN: 2-913156-36-3
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