La mythologie basque se dinstingue des mythologies indo-européennes en ce sens qu'ils ne croient que ce qu'ils voient et pas du tout en des êtres "surnaturels" qui vivraient dans les cieux, comme des dieux classiques. Pour eux, la terre est la deesse mère (Amalur) qui a deux filles: la lune et le soleil. Mari vit sous terre et est la deesse de tous les basques. Lorsqu'elle s'accouple avec Sugaar (connu aussi sous le nom de Sugoi, prononcer shouguoï) par exemple, elle provoque des tremblements de terre. Les basques pensent qu'elle a eu un orgasme un peu violent et que c'est cela qui provoque ces tempêtes, tremblements de terre etc. Ce n'est surtout pas une punition d'un ou des dieux quelconques comme on se l'explique dans d'autres croyances. Ils existe énormément de génies, chacun spécialisés dans une action, bonne ou mauvaise. En voici quelques uns ci-dessous.
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Zakur (chien). Prononciation: sakour
Cet animal n'est guère mentionné dans les mythes basques. D'après un récit de Beizama (Guipuscoa/Gipuzkoa), dans la grotte d'Olanoi habite un génie en forme de chien. C'est le gardien de l'antre. Dans une légende de Mutriku, toujours dans le Guipuscoa, on voit deux chiens ou des êtres surnaturels qui se manifestent sous ces apparences. Ils allaient au devant d'un habitant du lieu et l'effrayaient lorsqu'il rentrait de la place chez lui à une heure indue. Dans une autre légende, à Berriz (Biscaye/Bizkaia), c'est un génie revêtant l'aspect de chien qui apparut un jour empruntant les traits d'un mort, le jour suivant il prit part à un banquet de noces.
Zaldi (cheval). Prononciation: saldi
Dans les montagnes basques il y a type de cheval. Sauf exception il ne connait pas la stabulation. Ces bêtes ont vécu ainsi librement jusqu'à nos jours. Leurs maîtres les descendent de la montagne lorsqu'ils veulent leur faire exécuter quelques travaux ou lorsqu'ils veulent les vendre. Ils ont alors souvent recours à des battues organisées entre plusieurs chasseurs.
La fréquentation de cet animal, tenu en grande estime par nos ancêtres, détermina quelques formes d'expressions ou de symboles articulant leur vie spirituelle. En effet, c'est sous forme de cheval que sont représentés certains génies souterrains ou des personnages mis en scène dans des récits mythiques du peuple basque.
Dans la région de Tardets/Atharratze en Soule/Xiberoa/Zuberoa, de la caverne de Laxarrigibel, située dans un des contreforts d'Ahüski, près d' Altzai, sort un être qui se manisfeste sous les traits d'un cheval blanc. Il séquestra une fois un jeune homme de ce pays, mais qui n'était guère intégré dans son milieu social.
Zanpantzar (Saint Pansard). Prononciation: san'e pantsar
C'est un personnage grotesque qui reçoit, à Licq/Ligi en Soule/Xiberoa/Zuberoa, le nom de Janpantzar (ianepantsar). Il est représenté en général sous les traits d'un pantin que les jeunes promènent sur la place du village le mercredi des cendres. C'est là qu'il sera brûlé.
A Sare (Labourd/Lapurdi), Sanpantzar est un mannequin de paille fabriqué par les jeunes le soir du mercredi des cendres. Ils le promènent dans une charrette à travers les quartiers du village, comme s'il s'agissait d'un convoi funèbre où le mort serait Sanpantzar. Quelques jeunes figurent le deuil et les autres vont de chaque côté de la route tenant des chandelles de résine allumées. Arrivés à la place du village ils brûlent le pantin.
Dans certains villages, Zanpantzar représente un personnage de mauvaise conduite que les jeunes jugent et finissent par condamner pour ses vices et pour son langage blasphématoire.
Zezen, zezengorri (taureau, taureau rouge). Prononciation: séssén'e, séssén'e gorri
On pense que certaines grottes, mais également des gouffres, sont habités ou gardés par un génie à l'aspect de taureau. Le taureau habitant la grotte Lezia de Sare/Sara (Labourd/Lapurdi) effraiyait et faisait fuir ceux qui voulaient y entrer par ses beuglements. Parfois on entendait le son de sa clarine dans la profondeur des galeries. Pour certains, ces génies souterrains sortaient la nuit à la surface de la terre.
A Gatika (Biscaye/Bizkaia), l'un de ces taureaux poursuivit quelqu'un du village qui revenait de nuit de Munguia.
A Pipaon (Alava/Araba), c'est de nuit qu'apparut à un groupe de jeunes, un mystérieux taureau. Il leur causa une peur terrible. Ils mirent cela sur le compte d'une insulte faite à une vieille personne du village.
Zirpi Zarpa (nom d'un Jentil d'Ataun). Prononciation: sirpi sarpa
On raconte dans cette localité qu'une famille de la maison Ayarre était en train de sarcler le maïs dans sa terre de Kiskarre. Une femme Jentil travaillait en sa compagnie appelé Zirpi Zirbi. Depuis leur habitat d'Ai-Iturrieta les Jentil poussèrent un cri pour avertir les paysans de Kiskarre:
"Zirpi Zarba est mort, dites à Zirpi Zirbi qu'elle vienne tout de suite".
La Jentil partit de nuit. Lorsqu'elle s'en revint ensuite à Ayarre, elle déclara que le mort était son compagnon. Zirpi Zirbi continua de fréquenter les soirées d'Ayarre, surtout en hiver. Elle passait ses nuits à filer en compagnie des femmes du quartier. (Voir Zirri mirri).
Zirri Mirri (nom d'un Jentil d'Oiartzun). Prononciation: sirri mirri
Dans un légende de ce village on dit qu'une Mairu était domestique dans la maison Aramburu. Une nuit on entendit un cri à la porte. De l'intérieur, la Mairu demanda ce qui se passait. Depuis la porte la voix répondit:
"Zirri mirri ill dun".
"Zirri mirri est mort".
La domestique sortit, elle ne revint plus jamais. (voir Zirpi zarba).
Zotalegun (les douze premiers jours de janvier). Prononciation: sotaléguoun'e
On croit que les douze premiers jours représentent les douze mois de l'année, lorsqu'on fait des prévisions météorologiques ou des calculs servant à pronostiquer le temps qui prévaudra chacun de ces mois. D'après ce système le temps qu'il fera le premier jour de l'an sera celui qui prédominera durant tout janvier, pour le second jour ce sera celui de février et ainsi de suite.
Zubi (pont). Prononciation: soubi
D'après les légendes provenant de beaucoup d'endroits, il y a en Pays Basque de nombreuses constructions qui furent réalisées par des êtres surnaturels ( Lamiñak, Sorgin, Etsai, Basajaun, Mairi, Jentil. De cette manière ils répondaient aux souhaits ou aux besoins de certaines personnes. Ce sont des maisons, des châteaux, des temples, des sépultures et des ponts.
Parmi celles-ci, la légende du pont de Licq en Soule/Xiberoa/Zuberoa qui fut édifié par des lamiñak mais auquel il manque une pierre que l'on peut voir lorsque la rivière, le Saison, est en étiage.
Source: José Miguel Barandiarán, Dictionnaire Illustré de Mythologie Basque
traduit et annoté par Michel Duvert, Donostia, éditions Elkar, 1994. ISBN: 2-913156-36-3
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