Abarka

Le fer à cheval et les cerises

Fer à chevalUne fois, tandis qu'ils allaient par le Pays Basque, le Seigneur Jésus, lui montrant par terre quelque chose, dit à Saint-Pierre : Ramasse de terre ce fer à cheval. Mais Saint-Pierre, à la dérobée, d'un coup de pied, chasse le fer à cheval, en se disant par devers lui-même :
-" Pourquoi recueillir cette méchante ferraille ?
Le Seigneur Jésus, alors, à la dérobée lui aussi, releva lui-même le fer, et, en arrivant au village, il le vendit deux sous à un forgeron. Ensuite, avec ces deux sous, il acheta des cerises. Et ils se remirent en route. Il faisait atrocement chaud. Saint-Pierre, la bouche desséchée, regardait de tous les côtés, et se disait :
-" N'allons-nous donc pas voir, par ici, une petite source seulement ?
Dans ce même moment, et comme si de rien n'était, le Seigneur Jésus laissa tomber de sa poche une cerise. Saint-Pierre s'en saisit tout de suite et la porta gloutonnement à la bouche, craignant d'être vu par le Seigneur Jésus. Un peu plus loin, une fois, deux fois, dix fois, vingt fois, ce fut le même manège encore : le Seigneur Jésus jetait les cerises, et Saint-Pierre les mangeait jusqu'à la dernière. Ils s'arrêtèrent ensuite un instant sous le couvert d'un arbre, et le Seigneur Jésus dit à Saint-Pierre :
-" Si, une fois seulement, tu t'étais courbé pour relever le fer à cheval, tu n'aurais pas eu à te baisser vingt fois pour manger les cerises !

tiré de "légendes basques" de Jean Barbier Editions Elkar 1982

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