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La poule noire

La poule noireIl y avait une fois dans le canton de Saint Palais un méchant lamiña qui rôdait à droite et à gauche, faisant tout le mal qu'il pouvait, jetant un sort sur la vache de celui-ci, sur la chèvre de celui-là, en sorte que chacun le redoutait.
La lamiña, sa femme, était au contraire aimée de tout le monde, d'abord parcequ'elle était avenante et gracieuse et ensuite parcequ'elle réparait tout le mal qu'avait fait son mari. Au paysan qui avait perdu une vache, elle en rendait deux; à celui qui avait perdu une chèvre ou une brebis, elle donnait dix chèvres ou dix brebis, tout un troupeau. Quand elle aimait bien les gens et qu'ils étaient honnêtes et laborieux, elle leur apportait une poule noire, une seule poule qui ne pondait par jour qu'un seul oeuf; mais l'oeuf était de vrai or massif.

Il ne fallait pas longtemps aux pauvres gens pour s'enrichir ainsi. C'est ce qui arriva bientôt dans le canton où l'on vit plus d'une famille naguère dans la gêne malgré un travail assidu, se bien traiter à chaque repas et faire la grasse matinée. De là est venu le proverbe que nous appliquons à celui qui vit bien sans travailler:

"il possède peut-être une poule noire"
"badu, beharbada, oillo belz bat".

tiré de "légendes & récits populaires du pays basque"
de Jean François CERQUAND Editions Aubéron

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