Abarka

Le rateau

Chapelle Saint Sauveur à MendiveDans le pays de Beyrie, il y avait une grande maison de laboureurs. Un jour, pendant qu'on y était occupé à blanchir le maïs, le garçon dit à une demoiselle de la maison* qu'il avait oublié aux champs le râteau. La demoiselle lui dit qu'il aille le chercher. Le garçon répond que non, qu'il ne sortira point à cette heure: Il est onze heures passées. une servante dit:

-" Eh bien ! moi j'irai" et ils parièrent quelque peu de chose qu'elle ira et qu'elle rapportera le râteau. Elle sort et y va. Pendant qu'elle revenait avec le râteau, minuit sonne dans les airs. Elle est prise par les esprits. Vous savez que de nuit les sorcières ont beaucoup de pouvoir. En allant ainsi dans les airs, elle passa au dessus de sa maison et jeta le râteau par la cheminée en criant:

-" Le voici !"
Si cette pauvre fille, étant ainsi emportée, s'était souvenue d'invoquer Dieu, les esprits l'auraient laissée; Mais ce fut seulement en passant la chapelle Saint-Sauveur qu'elle pensa à dire:

-" Seigneur, sauvez-moi !"
Aussitôt les esprits la laissèrent à la pointe de cette montagne, et on peut encore l'y voir. Elle est demeurée la même. On lui a fait une habitation en verre, et on lui a mis un râteau à la main. (cette maison de verre, on pouvait encore la voir, avec le corps de la jeune fille, au temps de la restauration).
*etxeko alaba: fille de la maison. On appelle ainsi les filles puinées de tout propriétaire. L'aînée s'appelle "l'héritière" prima, ou andregaya: la future dame.

extrait de "contes populaires et légendes du Pays Basque"
les presses de la renaissance PARIS.

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